19.03.2010, Suisse
La Suisse a adopté une loi de juridiction universelle, mais seulement pour des crimes commis dans le futur
Genève, le 19 mars 2010.
Le Conseil des Etats a adopté
hier soir une loi fédérale introduisant dans le droit
pénal suisse les crimes prévus par le Statut de la Cour
pénale internationale (1). TRIAL (Track Impunity Always -
association suisse contre l’impunité) prend acte que la
Suisse disposera bientôt d’une loi plus précise
permettant de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, mais
déplore que la loi ne s’appliquera qu’aux crimes
commis dans le futur. La Suisse consacre l’impunité et
redevient un havre pour les criminels internationaux.
Bientôt 8 ans après l’entrée en force du
Statut de la Cour pénale internationale (CPI), la Suisse
disposera bientôt d’une loi introduisant les crimes
définis par le Statut de la CPI dans son code pénal. Les
crimes contre l’humanité feront ainsi bientôt leur
entrée dans la législation suisse, alors que les crimes
de guerre y seront définis de manière plus précise
qu’actuellement. Le crime de génocide pourra
désormais être commis à l’encontre des
membres d’un groupe «social ou politique», et non
plus uniquement d’un groupe national, racial, religieux ou
ethnique. A moins d’être commis par un militaire suisse ou
étranger, ou contre un militaire suisse, ces actes seront
à l’avenir poursuivis et jugés par les
autorités civiles de la Confédération plutôt
que par les autorités militaires.
Une loi sans aucune portée
Cependant, le Conseil des Etats n’a pas suivi la proposition
de sa Commission des affaires juridiques permettant de poursuivre en
Suisse des actes de génocide, des crimes contre
l’humanité ou des crimes de guerre commis après le
31 décembre 1990. La Commission, en conformité avec le
droit international (2), avait à juste titre estimé que
de telles poursuites devaient être possibles «dans la
mesure où, au moment et au lieu de la perpétration,
l’acte ou l’omission constituait un crime au sens du droit
international conventionnel ou avait un caractère criminel
d’après les principes généraux de droit
reconnus par la communauté des nations». TRIAL
déplore que le Conseil des Etats, en adoptant une loi qui ne
s’appliquera qu’à des faits intervenus après
son entrée en vigueur, a de la sorte vidé ce texte de
toute portée pratique. Pour Philip Grant, président de
TRIAL, «en décidant que la loi n’aura aucune
incidence sur horreurs commises par exemple au Rwanda, au Congo ou en
ex-Yougoslavie dans les années 1990, le Conseil des Etats lance
un fâcheux signal: il consacre l’impunité de ces
actes et permet à la Suisse de servir de havre aux auteurs de
tels crimes. Nous disposerons d’une belle loi, mais qui pour
longtemps ne servira à rien».
A l’avenir, des poursuites seront possibles si l’auteur
présumé se trouve en Suisse et qu’il n’est
pas extradé ni remis à un Tribunal pénal
international dont la compétence est reconnue par la Suisse,
notamment la CPI. Tout comme le Conseil national, le Conseil des Etats
a abandonné la condition supplémentaire que
l’auteur présumé dispose avec la Suisse d’un
«lien étroit». Cette condition, introduite en 2003
en ce qui concerne la poursuite des crimes de guerre, avait
été farouchement combattue par TRIAL, qui
considérait, avec une soixantaine de professeurs de droit de
nombreuses Universités suisses, qu’elle était
contraire au droit international et rendait illusoire la poursuite des
criminels de guerre en Suisse.
Le Conseil national avait déjà adopté le projet le
4 mars 2009. En raison des légères différences
entre les textes votés par les deux Conseils, le Conseil
national devra se pencher lors d’une prochaine session sur les
divergences qui subsistent entre sa version et celle adoptée
hier.
Pour plus d'information: Philip Grant, Président de TRIAL, 022 321 61 10.
TRIAL défend les victimes des
crimes les plus graves et se bat contre l'impunité des auteurs
de ces actes. www.trial-ch.org
(1) Titre exact: «Loi fédérale portant modification
de lois fédérales en vue de la mise en oeuvre du Statut
de Rome de la Cour pénale internationale».
(2) Voir par exemple l’article 7 alinéa 2 de la Convention
européenne des droits de l’homme et l’article 15
alinéa 2 du Pacte international relatif aux droits civils et
politiques, tous deux ratifiés par la Suisse.
Informationen aus dem Netzwerk
Kooperationen
World Coalition Against Torturers (WCAT)
International Rehabilitation Council for Torture Victims (IRCT)
Projektleitung
Bianca Schmolze
Bianca Schmolze ist Dipl. Betriebswirtin (FH) und seit
2002 Mitarbeiterin der Medizinischen Flüchtlingshilfe Bochum.
Nachdem sie zunächst für Fundraising
zuständig war, leitet sie nun seit November 2004 das Projekt
"Kampf gegen Straflosigkeit".
Darüber hinaus ist sie Ratsmitglied der Stadt Bochum.
Tel.: +49-(0)234-9041382
Fax: +49-(0)234-9041381
(Dienstag und Donnerstag, 10.00 bis 18.00 Uhr)
Gefördert durch
Manfred Nowak, UN-Sonderberichterstatter für Folter